Aujourd’hui, parlons du Fragon. Une petite plante buissonnante très caractéristique qu’on appelle aussi Fragon Petit-Houx, Buis épineux, Faux Houx ou encore fragonnette.
Une plante à la fois comestible, toxique et médicinale particulièrement intéressante.
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En plus des photos de Fragon, je vous partage une description botanique. Ainsi, vous aurez toutes les clefs en main pour mieux identifier cette plante sauvage lorsque vous la verrez dans la Nature.
Nous passons en revue tous les éléments de la plante : aspect général, feuilles, fleurs ou encore les fruits.
Au niveau de l’aspect général du Fragon, nous avons l’impression d’être devant un petit buisson. Mais ce n’est pas un arbuste ni un arbrisseau.
En effet, il appartient à la famille des Asparagacées. C’est donc une plante herbacée, même si ses rameaux sont coriaces. En parlant de rameaux ses branches sont épineuses, très ramifiées et sont bien dressées. Ses tiges sont striées et bien nues à la base.
Aussi, le Fragon ne mesure pas plus d’un mètre de hauteur. Et généralement, il ne dépassera pas 80 cm de haut.
Comme toutes les plantes de la famille des Asparagacées, le Fragon produira des rhizomes.
Enfin, toute la plante est glabre. C’est-à-dire qu’elle ne présente ni poils ni duvet. Et est de couleur bien verte.
Chez le Fragon, ce qu’on prend pour des feuilles ne sont pas des feuilles. Mais en réalité, ce sont des cladodes. Les cladodes jouent le même rôle que les feuilles, à savoir la photosynthèse notamment. Mais ce sont des rameaux spécialisés.
Ces cladodes ont une disposition alterne sur les tiges et sont ovales lancéolés, terminés par une petite épine. C’est cette épine qui correspond à une feuille. Une feuille n’assurant plus ses fonctions chlorophylliennes (photosynthèse).
Les cladodes ne portent pas de pétioles puisqu’ils sont sessiles. Ils sont rigides et un peu tordu à leur base.
C’est sous les cladodes qu’on trouvera les fleurs, puis, plus tard, les fruits.
Les fleurs du Fragon sont minuscules. Elles seront donc difficilement observables dans la Nature. Elles poussent sous les cladodes.
Comme le Fragon est une espèce dioïque, chaque individu ne portera soit que des fleurs femelles, soit que des fleurs mâles. Mais faire la différence entre une fleur femelle et une fleur mâle reste difficile pour des débutants.
Dans les deux cas, les fleurs ont soit une couleur verdâtre ou soit une couleur violacée. Les fleurs possèdent 6 tépales. Sur ces 6 tépales, 3 sont grands, 3 sont petits. Et chaque fleur repose sur un tout petit pédicelle.
Pour les observer, il faut attendre la période de floraison qui se déroule de l’hiver à l’automne. Les fleurs poussent de manière solitaire sous les cladodes, jamais en groupe.
Après pollinisation des fleurs, vous verrez l’apparition des fruits. Les fruits du Fragon sont des baies. Au début, ces baies, plutôt rondes, ont une couleur verte.
Puis, elles évoluent vers une couleur rouge vif à maturité.
Chaque fruit fait la taille d’une grosse cerise et contient 1 à 2 graines. Les graines sont ensuite transportées via les animaux après ingestion des fruits. Le Fragon se reproduit aussi beaucoup par fonction végétative.
Maintenant que nous savons à quoi ressemble le Fragon, nous allons nous intéresser à son habitat naturel ainsi qu’à ses besoins écologiques.
Nous allons donc voir ensemble quelle est l’aire de répartition du Fragon dans le monde. Puis, sa présence en France. Sans oublier de voir en détails ses besoins écologiques et sa phytosociologie. C’est-à-dire avec quelles plantes il pousse naturellement.
De cette manière, vous aurez un très bon aperçu de son habitat naturel.
Passons maintenant à l’aire de répartition du Fragon dans le monde. Et comme vous pouvez le voir, le Fragon est une plante strictement européenne de base. Et plus particulièrement en Europe de l’Ouest.
On le trouvera donc très facilement en France, mais aussi au Royaume-Unie, en Espagne, au Portugal et en Italie.
Il pousse aussi plus à l’est jusqu’en Turquie et Crimée, mais il reste beaucoup moins commun qu’en Europe de l’Ouest.
Aussi, bien que cette carte ne le montre pas, le Fragon pousse sur d’autres continents. Il est par exemple présent en Amérique du Nord, comme au Canada et aux États-Unis.
On le trouve bien sur en Afrique du Nord, comme dans le Nord du Maroc et de l’Algérie. Mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande ainsi qu’au Japon.
Mais retenez que le Fragon est une espèce européenne. Bien qu’il ait été introduit sur d’autres continents.
La France est un des pays où il sera le plus facile de trouver du Fragon dans la Nature. Et comme vous le voyez sur cette carte, il est présent sur la majorité de notre territoire.
On va aussi bien le trouver en Corse, qu’en Aquitaine, en Provence ou en Bretagne. Cela dit, toutes les régions ne se valent pas.
Le Fragon poussera davantage dans l’Ouest de la France que dans l’Est. Et au niveau du Massif Central, il est rare. D’ailleurs, il sera protégé dans certains départements de France. Je vous laisserai donc vous renseigner par vous-même sur ses statuts de protections.
Passons maintenant à ses besoins écologiques.
Quels sont les besoins écologiques du Fragon ? C’est ce que nous allons voir ici. Ainsi, en comprenant ses besoins écologiques, vous serez à la fois capable de le cultiver, mais aussi de le trouver dans la Nature.
Pour Ruscus aculeatus on pourrait résumer la chose à ça : Le Fragon est une plante sciaphile, mesoxérophile, oligotrophe, plutôt calcicole à mesoacidicline. Laissez-moi vous expliquer.
La Phytosociologie est l’étude des populations végétales. Nous allons donc voir ensemble quelles sont les plantes qui ont tendance à pousser avec le Fragon.
De cette manière, vous allez être capable de bien identifier le type de milieux qu’il affectionne. Pour vous donner quelques idées d’habitats, voici les formations végétales qu’il affectionne particulièrement :
ARBRES
ARBUSTES
PLANTES HERBACÉES
Bien sûr, cette liste est très loin d’être exhaustive. Donc le Fragon poussera forcément en compagnie d’autres plantes. Mais généralement, on peut retrouver ce type de plante souvent en sa compagnie. Enfin, tout dépendra du milieu dans lequel vous vous trouvez.
Par contre, si ça vous intéresse, je vous mets un lien pour trouver tous les habitats naturels du Fragon.
Passons maintenant à la partie la plus intéressante concernant le Fragon. Quelles sont ses utilisations. Est-ce qu’il s’agit d’une plante médicinale, d’une plante toxique ou même comestible ?
Nous voyons donc ici tous ses usages, des plus simples aux plus inattendus.
Déjà, le Fragon est une plante comestible. Du moins en partie. En fait, seules les jeunes pousses peuvent se consommer. Toutes les autres parties de la plante sont toxiques.
Comme il appartient à la famille des Asparagacées, on se servira du Fragon comme les asperges sauvages. Que ce soir comme l’Asperge à feuilles piquantes, les Ornithogales ou encore le Tamier Commun, on récoltera les jeunes pousses au printemps.
Bien sûr, les jeunes pousses ne doivent pas être coriaces. Seules les jeunes pousses encore molles nous intéressent. Et il suffira ensuite de cuire ces jeunes pousses pour les consommer.
Elles s’apparentent vraiment aux asperges en plus fines. D’ailleurs, une bonne idée de plat : l’omelette de pousses de fragon. Un véritable délice.
Par contre, en dehors des jeunes pousses comestibles, tout le reste de la plante est toxique. Et même si le Fragon n’est pas une plante particulièrement dangereuse, quelques symptômes désagréables surviennent après une intoxication.
Ainsi manger un seul fruit de Fragon n’est normalement pas dangereux. Mais au-delà de 3 à 5 baies (selon la corpulence de la personne et son âge), on remarque tout de suite la toxicité de la plante.
Ainsi, après avoir ingéré trop de baies de Fragon, vomissements, diarrhées, anxiété, céphalées apparaissent.
La raison de cette toxicité revient aux divers composants chimiques qu’il contient. Entre autres, nous y retrouvons des saponines stéroïdiques, la ruscogénine et la néoscogénine.
Mais aussi des nitrates de potassium, toxiques à hautes doses.
Après, le Fragon est loin d’être une plante vénéneuse. Il restera toujours beaucoup moins dangereux que la Digitale Pourpre ou l’Aconit Napel.
Malgré sa toxicité relative, le Fragon reste une des plantes médicinales reconnues par la pharmacopée française. Du moins pour ce qui concerne ses parties souterraines. À savoir ses rhizomes.
Et en effet, d’après Claudine Luu, le Fragon aura un puissant effet vasoconstricteur du système veineux. Il aide contre les maladies veineuses et capillaires comme les varices, les séquelles des phlébites ou encore les jambes lourdes et les hémorroïdes chroniques.
Désinfiltrant, il sert comme anti-œdémateux, notamment dans les douleurs prémenstruelles ou encore contre les règles douloureuses.
Il est aussi diurétique et sert contre les lithiases urinaires, l’oligurie ou encore la goutte et l’urémie.
Enfin, il est fébrifuge en ce qui concerne les feuilles. Elles peuvent aider dans le cas des fièvres légères.
ATTENTION :
Comme avec la plupart des plantes médicinales, il existe des contre-indications quant à l’utilisation du Fragon. Premièrement, il pourrait contribuer à augmenter la tension artérielle chez les personnes souffrant d’hypertension.
Aussi, il peut, dans de rares cas, développer des troubles gastriques ainsi que des nausées et des allergies.
Bien sûr, le fruit est toxique. Mais globalement, il reste une bonne plante médicinale, car il est inscrit sur la liste A de la pharmacopée française.
Enfin, on n’oublie pas que toute plante médicinale ne prévaut pas sur les traitements médicamenteux. Les doses ainsi que les conseils des spécialistes de santé sont à respecter. Toujours demander l’avis de son médecin traitant avant utilisation d’une plante.
Sources : Livre 300 Plantes Médicinales de France et d’Ailleurs – éditions Terre Vivante.
Le Fragon a aussi été utilisé de différentes façons par le passé. Voire encore de nos jours. Parmi ces utilisations notons les suivantes :
Comme avec toutes les plantes sauvages, il existe des risques de confusions avec d’autres végétaux qui se ressemblent. Et les confusions s’appliquent aussi pour le Fragon. Car vous allez voir, certaines plantes lui ressemblent.
Déjà, il existe plusieurs espèces de Fragons. Plusieurs espèces de Ruscus si vous préférez. Le Fragon Petit-Houx (Ruscus aculeatus) reste l’espèce la plus commune. Mais certains de ses cousins lui ressemblent beaucoup. Et poussent même parfois en France.
Ainsi, nous avons :
Il existe aussi deux autres espèces qu’on ne trouve pas en France. Mais elles présentent très peu d’informations. Ces espèces sont Ruscus streptophyllus et Ruscus hyrcanus.
Il n’y a pas que les Fragons qui ressemblent à Ruscus aculeatus. Aussi, d’autres espèces d’arbrisseaux à fruits rouges peuvent nous induire en erreur.
Ainsi, nous avons deux espèces principales très ressemblantes :
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