Molène Blattaire- Verbascum blattaria
Aujourd’hui nous parlons de la Molène Blattaire – Verbascum blattaria. Vous la connaissez peut-être sous d’autres noms comme Herbe aux mites, Bouillon Mitier ou encore Herbe de la Teigne.
Quouqu’il en soit, c’est une plante ressemblant beaucoup au Bouillon Blanc avec lequel on peut la confondre. Mais vous allez voir que la Molène Blattaire ne s’utilise pas du tout de la même manière.
Voici le dérouler du Plan :
- Identification
- Localisation
- Utilisations
- Confusions
Et nous commencerons donc par l’identification de la Molène Blattaire. Le tout, avec description détaillée, mais surtout des images.
IDENTIFICATION DE LA MOLÈNE BLATTAIRE
Je partage avec vous quelques photos afin de mieux reconnaître cette plante sauvage dans la Nature.
Mais les photos à elles seules ne permettent pas d’identifier la plante à coups sûrs. Je vous joins donc une description botanique plus précise. Ainsi, on limitera beaucoup plus les risques de confusion. Confusions dont nous reparlerons en fin d’article.
DESCRIPTION DE LA MOLÈNE BLATTAIRE
PORT GÉNÉRAL :
La Molène Blattaire (Verbascum blattaria) est une petite plante herbacée ne dépassant pas 1 mètre de hauteur. Elle fait partie des plantes bisannuelles. Elle fera donc son cycle en deux ans. Par conséquent, elle comprend deux types de port selon qu’elle se trouve dans sa première année ou dans sa seconde année de développement.
Ainsi, la première année, la plante pousse sous forme de rosette basale. C’est-à-dire que toutes feuilles pousseront étalées en cercle à partir du collet.
Mais à partir de la seconde année, la Molène Blattaire produira une tige florale à poils glanduleux. Et ce sera sur cette tige florale que les fleurs pousseront.
Comme toutes les Molènes, cette espèce aura des caractéristiques similaires : une plante herbacée à fleurs jaunes (rarement blanches) et velues au moins partiellement. Enfin, comme toutes les Molènes, elle appartient à la famille des Scrofulariacées.
FEUILLES :
La Molène Blattaire aura deux types de feuilles. On pourra donc distinguer les feuilles de la première année, celles situées en bas de la plante. Et les feuilles de la seconde année, qui poussent sur la tige florale du végétal.
FEUILLES DE LA ROSETTE : les feuilles de la rosette sont grandes. Elles peuvent en effet atteindre chacune 20 centimètres de long. Elles ont aussi une forme oblancéolée et leurs bords sont profondément dentés. Enfin, les feuilles de la rosette sont attachées à la tige par de courts pétioles.
FEUILLES DE LA TIGE : les feuilles de la tige sont plus petites que les feuilles de la rosette. Elles comportent également des bords dentés, mais sont plutôt elliptiques que oblancéolées. Les feuilles de la tige se terminent aussi de manière plus pointue et ne dépassent presque pas les 13 centimètres de long.
Dans les deux cas, toutes les feuilles de la Molène Blattaire ne développent pas de poils. Contrairement à la tige et les pédoncules des fleurs qui eux, développent des poils glanduleux.
FLEURS :
La Molène Blattaire ne fleurit qu’au bout de la deuxième année. Et elle ne fleurit que de juin à octobre. Ses fleurs poussent d’ailleurs en racème simple, assez lâche, avec chaque fleur espacée de l’autre.
Chaque leur sera jaune, ou plus rarement blanche, mais peut mesurer jusqu’à 2,5 centimètres. Aussi, les étamines de la Molène Blattaire sont orange et sont couvertes de poils violets. Le stigmate, quant à lui, se termine en tête subglobuleuse (presque rond).
Chaque fleur comprend 5 pétales jaunes (rarement blancs) et 5 étamines.
Enfin, les fleurs sont hermaphrodites et assurent leur fécondation grâce aux insectes comme les abeilles ou encore les bourdons.
FRUITS :
Comme toutes les espèces de Molènes, la Molène Blattaire produit des fruits de type capsule.
Chaque fruit est un petit fruit sec de forme sphérique ne dépassant pas les 13 mm de diamètre. Il est de couleur brun foncé et contient de nombreuses graines.
Les fruits apparaissent à la fin de la seconde année de la plante, après pollinisation des fleurs.
LOCALISATION DE LA MOLÈNE BLATTAIRE
Nous voilà donc à la partie où nous aborderons la localisation de la plante. C’est-à-dire où trouver la Molène Blattaire dans la Nature.
Nous allons donc nous intéresser à son aire de répartition dans le Monde dans un premier temps. Puis, nous verrons où la trouver en France. Bien sûr nous verrons ses besoins écologiques.
Et enfin, on fera un peu de phytosociologie, pour voir avec quelles autres plantes elle a tendance à pousser naturellement.
AIRE DE RÉPARTITION :
On commence par son aire de répartition mondiale : la Molène Blattaire pousse facilement sur 3 continents, mais commence à se naturaliser sur les autres.
D’abord, on la trouve dans une grande partie de l’Europe, où elle est originaire. Puis, on a aperçu des populations de Molène Blattaire en Asie tempérée, dont certaines en Asie Centrale et dans l’Ouest de la Chine. Mais elle y est beaucoup moins commune qu’en Europe.
Aussi, depuis son introduction par les colons européens en Amérique du Nord, la Molène Blattaire s’y reproduit facilement. Et on la trouve par conséquent très facilement au Canada et surtout au Etats-Unis où on la considère comme une plante envahissante.
Mais ce n’est pas tout, cette Molène pousse désormais en Australie, au Japon et dans certaines régions de la Cordillères des Andes.
Enfin, on la trouve en Afrique du Nord, dans le Nord du Maroc et de l’Algérie.
LA MOLENE BLATTAIRE EN FRANCE :
Maintenant que nous avons vu l’aire de répartition de la Molène Blattaire à travers le Monde, recentrons-nous sur la France.
D’ailleurs, la France fait partie des pays où on a le plus de chance de trouver cette plante dans la Nature. Comme aux Pays-Bas ou encore en Allemagne et dans le Sud du Royaume-Uni.
Mais malgré sa présence dans presque tous les départements du pays, elle reste quand même assez rare. Du moins, beaucoup moins commune que certaines de ces cousines.
RÉGIONS LES PLUS PROPICES : Bassin Parisien, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Bourgogne-Franche-Conté. Dans le reste du pays, sa présence est plutôt mitigée.
BESOINS ÉCOLOGIQUES :
Comme toutes les plantes sauvages, la Molène Blattaire a certains besoins écologiques auxquels elle doit répondre. Mais en connaissant ces besoins, vous saurez mieux où la trouver dans les régions les plus propices.
- Plante héliophile : la Molène Blattaire a besoin de soleil pour pousser correctement. Elle sera donc présente dans les endroits lumineux, exposés en plein soleil comme les prairies, bords de chemins ou encore dans les terrains vagues.
- Plante Calcicole : La Molène Blattaire a besoin d’un pH basique dans le sol pour se développer. On la trouvera donc principalement sur les sols calcaires. D’où sa présence plus forte à l’est de la France qu’à l’ouest (tendance aux terrains acides).
- Très Rustique : La Molène Blattaire est résistante à la fois à la sécheresse, la chaleur, mais aussi au froid. Elle peut en effet supporter des températures proches de -20 °C. Elle peut donc pousser sans trop de problème dans les talus et les coteaux, même exposés aux grands froids en hiver.
- SOL : une des caractéristiques les plus importantes concerne le type de sol. Et pour pousser correctement, la Molène Blattaire a besoin d’un sol ni argileux, ni caillouteux, mais entre les deux. Par contre, il faut que le sol soit riche en nutriment, mais pauvre en matière organique. Mais tolère les sols sableux, voire graveleux.
RÉSUMÉ POUR LES MILIEUX PROPICES : bords de chemin au soleil, friches lumineuses, talus et terrains vagues ensoleillés ou encore dans les champs et prairies de pâturage (où on la considère comme une mauvaise herbe).
PHYTOSOCIOLOGIE :
Comme vous avez pu le voir juste avant, la Molène Blattaire possède des caractéristiques écologiques qui lui sont propres. Ainsi, elle ne poussera pas avec n’importe quelle plante sauvage. Vous pouvez déjà éliminer les arbres puisqu’elle ne pousse pas en forêt.
En fait, le syntaxon Onopordion acanthii. Ce milieux se caractérise par des espèces herbacées plutôt continentales dont les végétaux dominants sont les Chardons.
On la trouve donc souvent en compagnie des espèces suivantes : différentes espèces de Chardons, le Fenouil Commun, l’Achillée Millefeuille, l’Armoise Commune, le Laiteron potager, la Vipérine Commune, l’Orpin Blanc, la Mauve Alcée ou encore le Dactyle Aggloméré et ses cousines, les autres Molènes.
Poursuivons notre aventure en compagnie de la Molène Blattaire avec les utilisations possible de la plante
UTILISATIONS DE LA MOLÈNE BLATTAIRE
Nous voilà maintenant à la partie la plus intéressante : comment utiliser la Molène Blattaire.
Mais il faut que je vous informe d’un détail important. Il y a très peu de sources quant à son utilisation. Et pour cause, Cette espèce de Molène est beaucoup moins répandue que ces cousines. Par conséquent, les scientifiques ont fait moins de recherche.
Mais voyons quand même ce qu’on peut en faire :
PLANTE MÉDICINALE ?
Vous connaissez probablement le Bouillon Blanc, une autre espèce de Molène. Et vous vous dites que puisque les deux plantes se ressemblent beaucoup, la Molène Blattaire aurait des propriétés médicinales ?
Alors non, la Molène Blattaire n’est pas utilisée en Phytothérapie. Je n’ai trouvé aucune source sérieuse affirmant des éventuelles propriétés médicinales de cette Molène.
Donc partez du principe qu’elle ne fait pas partie des plantes médicinales. Elle n’est d’ailleurs pas reconnue par la pharmacopée française.
PLANTE COMESTIBLE ?
Comme le Bouillon Blanc est comestible, alors peut-être que vous pouvez aussi manger la Molène Blattaire ?
Comme pour les éventuelles propriétés médicinales, je n’ai rien trouvé de sérieux sur le sujet. D’ailleurs, c’est bien dommage, car avec ses feuilles sans poils, elle aurait été beaucoup plus agréable à manger que ces cousines.
Donc partez du principe qu’elle peut être toxique. Même si en théorie, les Molènes poussant en France sont comestibles. Quand ont ne sait pas, on ne mange pas.
ANTI MOUSTIQUE PROMETTEUR :
Je sais que vous n’aimez pas les moustiques. Alors j’ai une bonne nouvelle pour vous. La science tendrait à donner des propriétés anti-moustique à la Molène Blattaire.
En fait, en 1974, des scientifiques ont mené une étude sur des larves de moustiques (espèce : Aedes aegypti). Ils ont exposé ces larves face à du méthanol de la Molène Blattaire quelques temps.
Et à la fin de leur expérience, c’est près de 53% des larves de moustiques qui périrent. Reste à voir si des applications à plus grande échelle verront le jour.
BONUS : la Molène Blattaire sert aussi comme répulsif aux blattes et cafards.
PLANTE BONNE POUR L’ÉCOLOGIE
En ce qui concerne l’écologie, la Molène Blattaire joue un rôle important.
Premièrement, c’est une plante qui va nourrir de nombreux insectes. C’est une super plante mellifère. Que ce soit par le nectar de ses fleurs, ou encore avec ses feuilles pour les insectes herbivores comme les chenilles. De plus, ses tiges florales séchées servent d’hôtel à insectes l’hiver et les protègent donc du froid.
Mais en plus d’être utile pour les insectes, la Molène Blattaire est également utile aux oiseaux. Par exemple, le Pinçon, un petit oiseau, consomme régulièrement les fruits de la Molène Blattaire.
Bon, rappelez-vous qu’elle n’est bonne pour l’écologie que dans les milieux où elle est naturellement présente. Mais dans les milieux où elle est envahissante comme en Amérique du Nord, elle n’apporte pas toujours ces bienfaits.
CONFUSION AVEC LA MOLÈNE BLATTAIRE
Passons maintenant à la partie la plus compliquée : les risques de confusions entre la molène Blattaire et d’autres espèces de plantes. Et sans surprise, vous avez des chances de la confondre avec presque toutes ces cousines.
J’ai d’ailleurs fait un article précis sur les confusions avec le Bouillon Blanc. Cet article sera beaucoup plus précis que ce petit résumé et surtout, il comporte des images.
CONFUSIONS POSSIBLES AVEC :
Bouillon Blanc (Verbascum thapsus) : Le Bouillon Blanc véritable ressemble de loin à la Molène Blattaire. Mais le Bouillon Blanc est beaucoup plus grand, velu et argenté.
Molène Noire (Verbascum nigrum) : On peut la confondre avec. Mais les différences sont simples. La Molène Noire aura des tiges plus sombres et des feuilles velues. Ce qui n’est pas le cas de la Molène Blattaire.
Molène Faux Phlomis (Verbascum phlomoides) : celle-ci ressemble davantage au Bouillon Blanc que notre petite Molène. D’ailleurs, la Molène Faux Phlomis sera beaucoup plus grande, velue et argentée que la Molène Blattaire.
Molène à fleurs denses (Verbascum densiflorum) : comme peut s’hybrider avec la Molène Faux Phlomis, les deux espèces se ressemblent beaucoup, mais sont plus grandes et velues que celle de cet article.
Molène Lychnite (Verbascum lychnitis) : ici, il y a un réel risque de confusion au premier regard. Mais ses fleurs ne sont pas aussi espacées, elle n’a pas de poils glanduleux sur les tiges, mais un petit duvet.
Molène Floconneuse (Verbascum pulverulentum) : Très facile à différencier puisque son duvet blanchâtre se détache facilement en flocons. Lui donnant cet aspect neigeux.
Molène de Phénicie (Verbascum phoeniceum) : elle a, elle aussi, des poils glanduleux sur la tige et les pédoncules de ses fleurs, mais elle a des fleurs de couleur violette, rose, rouge ou parfois blanche.
Molène à feuilles sinuées (Verbascum sinuatum) : très simple à différencier de la Molène Blattaire. Elle a des feuilles sinuées.
Molène de Boerhaave (Verbascum boerhavii) : très rare, mais ressemblant à la Molène Blattaire. Pour faire la différence regardez les pétioles des feuilles et la tâche centrale des fleurs. Elles ont une couleur se rapprochant du violet / brun.
Aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria) : que vous ne confondrez que de loin car elle appartient à la famille des Rosacées et surtout elle fait des feuilles composées.
CONCLUSION
Voilà, cet article sur la Molène Blattaire touche à sa fin. J’espère donc que vous serez maintenant en mesure de l’identifier facilement dans la Nature, de savoir où la trouver, comment l’utiliser et surtout éviter les confusions avec d’autres plantes sauvages qui lui ressemblent.
POUR RÉSUMER :
Nous avons vu que la Molène Blattaire est une petite plante sauvage à fleurs jaunes et à poils glanduleux. Facilement reconnaissable parmi les autres espèces de Molènes. Mais qu’on ne l’utilise ni à des fins alimentaires, ni médicinales.
Mais elle joue un rôle important dans les écosystèmes, car elle nourrit de nombreux insectes et oiseaux.
Elle est répandue en Europe et Amérique du Nord, mais on ne la trouve pas facilement dans la Nature pour autant. J’espère donc que vous allez quand même pouvoir la rencontrer lors de vos ballades et profiter de ses belles fleurs jaunes.
C’était Rafaël, et je vous dis à très bientôt sur Monde Végétal.