Parlons du Genévrier Cade – Juniperus oxycedrus, une plante de garrigue fréquente autour du bassin méditerranéen. On l’appelle aussi Genévrier Oxycèdre, Oxycèdre, petit Cèdre ou encore tout simplement Cade oui Cèdre piquant. Mais ce dernier n’a rien à voir avec les véritables Cèdres.
Car le Genévrier Cade appartient à la famille des Cupressacées et non à celle des Pinacées.
Dans cet article, nous allons voir comment reconnaître le Genévrier Cade grâce à une série de photo. Mais aussi avec une description botanique détaillée.
Ensuite, nous verrons quel est son habitat naturel en regardant son aire de répartition, sa présence en France ou encore ses besoins écologiques. Sans oublier sa phytosociologie pour voir quelles autres plantes poussent à ses côtés.
Puis, nous enchaînerons avec les utilisations du Genévrier Cade : est-ce que c’est une plante comestible ? Une plante toxique ? Ou encore possède-t-il des propriétés médicinales ? Et bien d’autres usages.
Enfin, nous terminerons par les risques éventuels de confusions avec d’autres plantes sauvages. Et surtout, comment éviter ces confusions, notamment avec d’autres Genévriers.
Le Genévrier Cade possède un port plutôt facilement reconnaissable parmi les autres espèces de végétaux avec lesquels il pousse. Mais il reste une espèce polymorphe. Et selon les régions, il n’aura pas tout à fait la même apparence.
C’est un arbuste pouvant mesurer jusqu’à 8 mètres de hauteur et caractérisé par un port dressé, souvent retombant. Les plus grands spécimens peuvent mesurer jusqu’à 15 mètres de hauteur. Mais ils sont rares.
Ce port retombant lui donne un aspect « dépressif ». Mais il peut, dans certains cas, avoir un port buissonnant et ne pas dépasser les 1,5 mètres de hauteur.
Le Genévrier Cade a des branches flexibles armées de petites aiguilles piquantes et vert foncées. Ces aiguilles ont leur face inférieure presque blanche. Elles ont en effet deux lignes blanches caractéristiques. Il aura aussi des cônes en forme de baie marron caractéristiques.
Son écorce est grise légèrement rougeâtre et forme des plaques rugueuses.
Enfin, il existe aussi deux principales sous-espèces de Genévrier Cade. Et chacune de ces sous-espèces possède un port général un peu différent même si les caractéristiques principales restent les mêmes. Ainsi nous avons :
Comme le Genévrier Cade appartient à la famille des Cupressacées, il n’aura pas des feuilles à limbe développé, mais simplement des aiguilles. Son feuillage est aussi persistant. Le Genévrier Cade ne perdra donc pas ses feuilles en hiver. Mais au contraire, il les gardera toute l’année. Ce qui aidera pour l’identification.
Chaque feuille du Genévrier Cade est donc une aiguille. Ses aiguilles sont verticillées par 3 et disposées sur rangs. Elles sont petites puisqu’elles mesurent entre 0,5 et 2 centimètres de longs. Elles sont aussi étroites puisqu’elles ont une épaisseur comprise entre 1 et 2 mm.
Les aiguilles du Genévrier Cade possèdent une face supérieure vert foncé. Mais leur face inférieure présente une double bande stomatique blanche. En d’autres termes, il y a deux bandes blanches sous les aiguilles du Genévrier Cade. Cet élément permet de le différencier du Genévrier Commun lorsque les deux espèces n’ont pas fait leurs cônes.
Le Genévrier Cade appartient au groupe des Gymnospermes (Gymnospermae). Cet arbre ne produit donc pas de fleurs au sens où nous l’entendons. En plus le Genévrier Cade fait partie des plantes dioïques. C’est-à-dire qu’un individu porte soit des organes reproducteurs femelles, soit des organes reproducteurs mâles.
Les « fleurs » des Genévriers Cades mâles sont des cônes jaunâtres. Chaque cône mâle est petit. Ils mesurent en effet entre 2 à 3 millimètres de long pour environ 2 millimètres de larges. Ils tomberont à la fin de l’hiver ou au début du printemps, juste après avoir expédié tout leur pollen.
Les « fleurs » femelles des Genévriers Cade sont des cônes arrondis. Ils ont une couleur verte (pâle), parfois légèrement bleuté lorsqu’ils sont immatures. Mais lorsqu’ils arrivent à maturité, les cônes femelles deviennent marrons. Ils ressemblent alors beaucoup à une baie, mais ce sont bien des cônes. Leur maturation prend environ 18 mois.
Le Genévrier Cade utilise le vent pour sa reproduction. On parle alors de reproduction anémophile.
Puisque le Genévrier Cade appartient au groupe des Gynospermes, il ne produit pas de fruit au sens où nous l’entendons.
Ainsi, les « fruits »du Genévrier Cade se forment à partir des cônes femelles une fois que ces derniers arrivent maturité. Une fois bien mûrs, les « fruits » du Genévrier Cade ressemble à des baies rouge-luisant à marron presque marron foncé.
Ils sont arrondis, subglobuleux presque sphériques et mesurent presque 1 centimètre de diamètre. Ces certaines sous-espèces de Genévriers Cades, les dimensions peuvent être un peu plus grandes.
Maintenant que nous savons comment reconnaître le Genévrier Cade, voyons comment le trouver dans la Nature. Pour ce faire, nous allons voir quelle est son aire de répartition dans le monde et en France. Mais pas que. Nous allons aussi voir ses besoins écologiques pour mieux déterminer dans quel type d’habitat il pousse.
Enfin, nous parlerons phytosociologie. Donc nous verrons quelles sont les différentes espèces de végétaux qu’on trouvera à ses côtés. De cette manière, vous allez mieux repérer son type d’habitat naturel.
Comme vous pouvez le voir sur cette carte, le Genévrier Cade est une plante principalement européenne. Et pour être plus précis, on ne trouve le Genévrier Cade principalement autour du bassin méditerranéen. Il sera particulièrement présent dans le Sud de la France et dans l’Est de l’Espagne.
Mais on signale aussi sa présence en Italie, en Grève ou même en Turquie. Bien sûr, des populations de Genévriers Cades ont été signalées un peu plus à l’est en Asie. On le retrouve jusqu’en Iran et dans le Caucase.
Mais il pousse aussi en Afrique du Nord. Il sera par exemple assez abondant au nord du Maroc ainsi que dans le Nord de l’Algérie.
Enfin, l’Homme l’a aussi introduit en Amérique du Nord et en Australie. Où il ne semble, à ce jour, pas considéré comme une plante invasive.
Comme je vous l’ai dit plus haut, la France est un des principaux pays où trouver le Genévrier Cade. Ce dernier pousse d’ailleurs en abondance dans les coteaux secs du Sud de la France. On peut même parfois le trouver un peu plus au nord comme sur la façade Atlantique ou encore en région Rhône-Alpes-Auvergne.
Mais là où le Genévrier Cade sera le plus abondant c’est sans contexte en Provence-Alpes-Côtes-d’Azur et en Occitanie. Le climat de ces régions lui est propice, ce qui favorise sa présence.
Ainsi, les départements où cet arbre est le plus présent sont :
Les Bouches-du-Rhône, toute la Corse, le Var, les Haute-Alpes, les Alpes-Maritimes, le Gard, l’Hérault, le Vaucluse, la Drôme, l’Aveyron ou encore la Lozère et l’Ardèche. Mais il peut aussi pousser dans d’autres départements de France, même s’il est beaucoup moins présent.
Nous allons voir ici les besoins écologiques du Genévrier Cade afin de mieux connaître ses environnements naturels. Ainsi, vous verrez mieux dans quels types de biotopes il pousse à l’état sauvage. Parmi les différentes caractéristiques écologiques du Genévrier Cade, retenez surtout les suivantes :
Nous avons vu les besoins écologiques du Genévrier Cade. Désormais, nous allons voir sa phytosociologie. C’est-à-dire les plantes qui poussent à ses côtés. Et ces plantes partagent de nombreuses caractéristiques biologiques avec lui.
Bien sûr, la liste qui suit n’est pas une liste exhaustive. Mais elle vous donnera un bon aperçu de son milieu naturel. Ainsi, parmi les différentes sauvages qui poussent en compagnie du Genévrier Cade, nous avons les plantes suivantes :
Arbre à perruques, Chèvrefeuille Étrusque, Genévrier de Phénicie, Genévrier Commun, Prunelier, Asperge à feuilles piquantes, Pistachier Lentisque, Pistachier Térébinthe, Chêne Kermès, Chêne Vert, Filaire à feuilles étroites, Pin Maritime, Pin d’Alep, Nerprun Alaterne, Ciste Cotonneux, Salsepareille d’Europe, Garance Voyageuse, Iris des Garrigues ou encore le Laurier Tin, l’Aphyllante de Montpellier ou le Buis Commun.
Bref, beaucoup de plantes de garrigues, des fourrés dunaires, des matorrals, des broussailles ou encore des Pinèdes clairsemées méditerranéennes. Des milieux chauds, secs, ensoleillés, calcaires et caillouteux.
On trouve aussi le Genévrier Cade en compagnie dans les Cistaies, en compagnie de différentes espèces de Cistes.
Maintenant que nous savons où trouver le Genévrier Cade, qu’est-ce qu’on peut faire avec ? Et c’est maintenant que nous arrivons à la meilleure partie : quelles sont les utilisations du Genévrier Cade ?
Ici, nous allons donc voir sa comestibilité, sa toxicité, ses éventuelles propriétés médicinales ou encore cosmétiques et bien plus encore.
On parlera aussi de l’encens de Cade ou encore des propriétés de son bois.
Oui le Genévrier Cade est comestible. On peut donc le manger. Mais qu’est-ce qu’on mange dans cette plante exactement ? En fait, ce sont les baies de Genévrier Cade qu’on peut consommer.
On peut les manger fraîches ou cuites (mais pas la graine qui est toxique). Elles ont une texture un peu dure à l’extérieur, mais légèrement farineuse à l’intérieur. Je ne vous recommande pas de les consommer tel quel car elles n’ont pas un goût très agréable.
De plus, elles sont difficiles à manger et laissent des sortes de miettes dans la bouche.
Par contre, là où ses baies vont devenir intéressantes, c’est en tant que plante aromatique. Vous pouvez utiliser ses baies exactement de la même manière que les baies du Genévrier Commun.
Le feuillage ne présenterait, a priori, pas de toxicité connue. Mais sa texture et le piquant des épines rendent son usage alimentaire inadapté. Par contre, ses feuilles utilisées en infusion ou en bouillon peuvent donner un petit goût résineux agréable.
Donc oui, le Genévrier Cade est une plante comestible, mais voyez-le plutôt comme une plante aromatique. Petit bonus, on peut aussi faire une sorte de Gin avec les baies de cet arbre.
Est-ce que le Genévrier Cade est toxique ? Alors comme toutes les plantes, oui il peut devenir toxique. Tout dépendra des doses. Déjà la graine est toxique.
En soit, la plante à l’état naturel ne semble pas poser de problème. Mais ce n’est pas le cas de l’huile de Cade.
Que ce soit l’huile de Cade ou l’huile essentielle de Cade peuvent comporter des risques, car elles sont beaucoup plus concentrées en principes actifs.
L’Huile de Cade est une oléorésine obtenue par pyrolyse du bois (distillation sèche), alors que l’Huile essentielle de Cade est obtenue par hydrodistillation des rameaux. Mais dans les deux cas, il ne faut pas employer ces substances pures.
Ni trop longtemps.
Car l’Huile de Cade et l’Huile essentielle de Cade peuvent provoquer des irritations cutanées et même devenir cancérogènes. Alors respectez bien les doses de votre médecin.
N’oublions pas non plus qu’il fait partie des plantes toxiques pour tortues Hermann et autres petits animaux de compagnie.
En dehors de ça, le Genévrier Cade est une plante médicinale aux nombreuses propriétés. Et c’est ce que nous allons voir maintenant.
Pour commencer, le Genévrier Cade est une plante plutôt bien tolérée par l’ensemble des personnes. Mis à part quelques contre-indications que nous verrons ensuite. POur rester sur ses atouts médicinaux, le Genévrier Cade possède les propriétés suivantes :
CONTRE INDICATION :
Comme vous l’avez peut-être remarqué dans les usages médicinaux du Genévrier Cade, ce dernier rentre dans la composition de nombreux produits cosmétiques.
Notamment dans des crèmes pour la peau ou encore pour des traitements capillaires ainsi que des shampooings. Il sert notamment pour soigner les problèmes de peau ainsi que les problèmes de cuir chevelu.
Ainsi, le Genévrier Cade sera intéressant contre les psoriasis, fortifier les ongles, les cheveux, les faire repousser, mais aussi contre les dermites ou l’eczéma.
Enfin, pour les cheveux, le Genévrier Cade sera efficace contre les dermintes hyperséborrhéiques du cuir chevelu et contre les cheveux gras.
Mais le Genévrier Cade n’est mas seulement une plante médicinale. Son bois possède aussi de nombreuses propriétés intéressantes. Alors voyons quels peuvent être les usages du bois de Genévrier Cade.
PROPRIÉTÉS DU BOIS DE GENÉVRIER CADE :
Nous voilà maintenant à la dernière utilisation du Genévrier Cade : l’encens de Cade. C’est probablement un des usages les plus connus et un des plus anciens.
Pour réaliser de l’encens de Cade, il suffit de transformer son bois en poudre et de l’allumer. Cet allumage produira ensuite une petite fumée blanchâtre et surtout odorante.
L’encens de Cade sert donc principalement à parfumer l’intérieur des maisons. Mais pas que. Il sert aussi à éloigner les insectes ou assainir l’air. La raison, ses propriétés bactéricides et antiseptiques. La poudre de Cade étant également très efficace pour faire partir les tiques avant vos ballades.
Enfin, on utilise aussi l’encens de Cade pour d’autres raisons
Dans la Nature, il est facile de faire la confusion entre différentes espèces sauvages. D’autant plus que certaines d’entre elles partagent de nombreux points communs. Généralement ce sont des espèces qui appartiennent aux mêmes genres.
Et pour le Genévrier Cade, il est d’autant plus facile de le confondre avec ses cousins. Ces derniers poussant souvent dans les mêmes habitats naturels. Alors, il faudra être observateurs. Car certains Genévriers sont toxiques.
On peut Confondre le Genévrier Cade (Juniperus oxycedrus) avec le Genévrier Commun (Juniperus communis). D’autant plus que les deux espèces partagent en partie le même habitat. Même si le Genévrier Commun sera présent aux endroits un peu plus frais.
Pour faire la différence, vous pouvez vous aider des fruits ainsi que des feuilles. Les baies du Genévrier Commun sont bleutés et non marron. Aussi, ses feuilles du Genévrier Commun ne portent qu’une seule ligne blanche sous leur face inférieure.
Mais les risques de confusions ne sont pas grave, car les deux plantes sont comestibles et ont des usages similaires.
Le Genévrier Sabine (Juniperus sabina) ressemble beaucoup au Genévrier Cade. On le trouve aussi dans une grande partie du bassin méditerranéen. Et on le trouve d’ailleurs en France. Mais il pousse plutôt en montagne que dans les garrigues. Notamment dans les Alpes et les Pyrénées. Souvent au-dessus de 1400 mètres d’altitude.
Mais le Genévrier Sabine est toxique. Son huile essentielle très toxique.
Cependant, pour ne pas confondre les deux espèces regarder les cônes, les feuilles et pensez à les sentir. Premièrement, l’odeur du Genévrier Sabine est désagréable. Ensuite, ses feuilles ne sont pas des aiguilles, mais des écailles arrondies. Mais les jeunes pousses peuvent être épineuses.
Enfin, ses baies sont de couleur bleue à bleu violet.
Le Genévrier de Phénicie (Juniperus pheonicea) produit lui aussi des cônes marron, comme pour le Genévrier Cade. Il est donc facile de confondre les deux espèces. D’autant plus que les deux espèces poussent dans les mêmes milieux.
Mais les baies du Genévrier de Phénicie sont toxiques. Il faudra donc être vigilant.
Alors pour faire la différence entre les deux espèces, regardez les rameaux. Les rameaux du Genévrier de Phénicie n’ont pas d’aiguilles. Mais ils portent des écailles arrondies. Ses feuilles ne piquent donc pas. Aussi, il a tendance à se développer dans des sols encore plus pauvres, voire inexistants comme dans les fissures des falaises.
Une autre confusion possible, celle entre le Genévrier Cade (Junipersu oxycedrus) et le Genévrier Thurifère (Juniperus thurifera). Il est beaucoup plus rare que les autres espèces de Genévriers. Aussi il est même menacé en Afrique du Nord par son exploitation comme arbre à encens. Mais aussi par la destruction de son habitat.
Ses feuilles sont légèrement toxiques.
Alors pour faire la différence avec le Cade, regarder ses aiguilles et ses cônes. Les cônes du Genévrier Thurifère sont gros et arborent une couleur bleu foncé lorsqu’ils mûrissent. Aussi, ses rameaux ont 4 angles et sont vert glauque. Son port est aussi très compact et son écorce un peu plus grise.
Mais il y a très peu de chance pour que vous tombiez dessus dans la Nature. Surtout en Afrique du Nord où les populations sont très menacées.
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