Chêne liège. Peut on consommer les glands du Chêne Liège ?

Le Chêne liège (Quercus suber)

Le Chêne Liège fait partie des différentes espèces de Chênes qu’on peut trouver en France. C’est un grand arbre aux feuilles persistances ressemblant de loin aux feuilles de Houx. Il se caractérise aussi par une écorce très épaisse qu’on utilise pour la création de bouchons de bouteilles. Mais pas que.

On lui donne aussi plusieurs noms. Ainsi, et selon les régions, les Chênes Lièges peuvent s’appeler Corciers, Suriers ou encore Suves.

Si vous voulez découvrir plus en détails le Chêne Liège, voici le déroulé du plan :

Identification du Chêne liège : comment le reconnaître ?

Le Chêne Liège est assez facile à reconnaître dans la Nature, même par des yeux de Botaniste amateur. Mais pour vous donner le plus de clef d’identification possible, j’ai découpé sa description en plusieurs parties. Vous pourrez ainsi mieux vous y retrouver.

Port Général du Chêne Liège

Le Chêne Liège a un port général massif. Généralement, les Chênes Lièges sont assez petits. Et en effet, ils ont du mal à dépasser les 15 mètres de hauteur et vivent seulement 150 à 200 ans.

En revanche, certains individus pouvant vivre près de 800 ans peuvent devenir monumentaux et dépasser les 40 mètres de hauteur.

Le houppier du Chêne Liège est peu dense. On voit facilement les grosses charpentières dans les différentes éclaircies de son feuillage.

Feuilles du Chêne Liège

Le Chêne Liège a un feuillage persistant. C’est-à-dire qu’il ne perd pas ses feuilles en hiver, mais les garde toute l’année. Elles restent d’ailleurs en moyenne 2 ans sur l’arbre.

Ses feuilles sont coriaces, de forme ovale ou oblongues et dentées avec de petites épines. Elles rappellent beaucoup la forme de la feuille de Houx. Mais parfois, les feuilles de Quercus suber ont une forme plus entière, avec presque pas d’épines. Le fait que cet arbre possède des feuilles ayant différentes formes s’appelle le polymorphisme foliaire.

Quoiqu’il en soit, les feuilles du Chêne Liège sont de couleur vert foncé sur le dessus et vert clair grisâtre sur leur face inférieure.

Un duvet blanchâtre et tomenteux couvre la face inférieure du limbe et des nervures. D’ailleurs chaque feuille possède entre 10 et 14 nervures parallèles ou presque parallèles.

Enfin, ses feuilles sont reliées aux rameaux par un pétiole mesurant environ 1/4 de la longueur de la feuille. Ce pétiole a aussi un petit duvet tomenteux blanchâtre qui le recouvre.

Fleurs du Chêne Liège

Comme toutes les espèces de Chênes, Quercus suber fleurit. Même si sa floraison reste assez discrète.

Sa période de floraison demeure courte. En effet, il ne fleurit qu’en d’avril à mai. Comme pour les autres espèces de Chênes, Quercus suber possède deux types de fleurs. C’est une espèce monoïque. Chaque individu a donc des fleurs mâles et des fleurs femelles.

Premièrement, les fleurs mâles seront les fleurs les plus visibles. Chaque fleur est regroupée sur une inflorescence formant un chaton pendant. Les chatons du Chêne Liège ont une couleur entre le jaune et le vert.

Les fleurs femelles quant à elles sont beaucoup plus discrètes. Elles sont rouges, minuscules et groupées le plus souvent par deux. Une fois fécondées par le pollen des fleurs mâles, les fleurs femelles formeront les fruits, à savoir les glands.

Les Glands (fruits)

Les fruits des Chênes Lièges sont des glands. Le gland de ce Chêne a une cupule conique à la base, de couleur grise-tomenteuse et avec les écailles un peu saillantes. La cupule ne recouvre qu’environ un tiers du fruit.

De loin, les glands de Quercus suber rappellent ceux du Chêne Chevelu lorsqu’ils ne sont pas encore arrivé à maturité.

Aussi, la pointe du gland se termine par une petite pointe velue.

Enfin, pour qu’un gland arrive à maturité, il faudra attendre près de 2 ans. Ils poussent sur les rameaux de l’année précédente et y sont rattachés par un pédoncule court et renflé.

Écorce et Tronc

L’écorce et le tronc du Chêne Liège font de lui une espèce d’arbre remarquable. En effet, son écorce peut devenir extrêmement consistante en atteignant jusqu’à 25 centimètres d’épaisseur.

Son écorce isolante lui sert de protection contre les incendies. En plus de son épaisseur remarquable, son écorce spongieuse-subéreuse porte aussi en elle de nombreuses crevasses de couleur gris.

Avec une telle quantité d’écorce, le tronc du Chêne Liège paraît massif.

Habitat et aire de répartition du Chêne Liège

Le Chêne Liège fait partie des espèces végétales typiquement méditerranéennes. On le trouve en Espagne, au Portugal, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Italie ainsi qu’en France. Et même dans de rares exceptions en Croatie.

Mais en France, le Chêne Liège reste une des espèces de Chênes les plus rares à l’état sauvage. En effet, on ne le trouvera que dans le sud du Pays. Chez nous, ce sera dans le massif des Maures, celui des Albères, en Corse, dans les Aspres ainsi qu’autour du littoral landais que vous aurez le plus de chance de l’observer dans la Nature.

Exigeances biologiques

Quoiqu’il en soit, le Chêne Liège reste principalement présent au Portugal ainsi qu’en Afrique du Nord.

Il y a plusieurs raisons climatiques qui expliquent son l’emplacement de son aire de répartition :

  • Il aime la lumière et a donc besoin de soleil pour se développer correctement.
  • Quercus suber a aussi besoin d’une faible humidité atmosphérique et d’air sec.
  • Le Chêne Liège affectionne les températures et climats chauds.

Aussi, le Chêne Liège a des exigences particulières en termes de sol :

  • Sol plutôt acide.
  • Il aime aussi les sols secs, voire très secs.
  • Il supporte bien les sols relativement pauvres en matières organiques ainsi qu’en nutriments.

Rôle écologique

Cette espèce thermophile, calcifuge et héliophile ne pousse pas au-dessus des 500 mètres d’altitudes et ses populations sont surtout concentrées aux mêmes endroits.

Ce qui permet de former des écosystèmes à part entière. Ainsi, les suberaies (forêts de Chênes lièges) ont un rôle important pour le maintien de la biodiversité.

Par exemple, le Lynx ibérique ou encore l’Aigle royal dépendent en partie de ce type de milieux naturel.

En plus de fournir un habitat de choix pour des espèces aussi importantes, le Chêne Liège sert aussi de nourriture à de nombreuses espèces. Les sangliers raffolent de ses glands, mais certaines espèces d’insectes ou de champignons consomment volontiers son bois, ses feuilles ou encore ses fruits.

Enfin, avec son écorce particulièrement épaisse, le Chêne Liège permet de lutter contre les incendies. Ce dernier est moins sensible que les autres arbres poussant dans le même milieux et freine donc les incendies lorsque ces derniers se déclarent.

Comment utiliser le Chêne Liège ?

Comme toutes les espèces de la Flore Française, les Chênes Lièges peuvent s’utiliser de plusieurs manières. Voici donc les principales utilisations que vous pouvez faire de cette incroyable plante.

Un Chêne massivement utilisé pour son écorce

Comme vous le savez sûrement, le Chêne Liège reste principalement utilisé pour son écorce dont on en tire le Liège.

Ce liège a de nombreuses utilisations :

  • Confectionner des bouchons de bouteilles de vin
  • Mais aussi servir d’isolation acoustique et thermique.
  • Dans le mobilier et design d’intérieur.
  • Enfin, on l’utilise également pour la fabrication de certains instruments de Musique ou de sport.

Les principaux pays producteurs de Liège restent le Portugal et la Tunisie. En additionnant les autres pays producteurs, nous arrivons à près de 3 millions d’hectares de suberaies destinées à l’exploitation du Liège.

Le Bois de Chêne Liège

En plus d’utiliser le Chêne Liège pour son écorce remarquable, sachez que son bois reste très intéressant également.

En effet, comme tous les bois de Chênes, celui de Quercus suber reste de bonne qualité. Il restera toutefois moins exploité en France que celui des Chênes Rouges d’Amérique ou des Chênes pédonculés, mais vous pourrez compter sur lui.

Le Chêne Liège fournit un bon bois de chauffage. Son bois est en effet dur et dense, ce qui libère un haut pouvoir calorifique.

Enfin, dû à ses résistances mécaniques, il peut tout à fait s’utiliser comme bois de construction, notamment en menuiserie. La réalisation de charpente en bois de Chêne Liège reste possible bien que ce ne soit pas l’espèce la plus adaptée.

Chêne Liège = plante comestible

Les glands du Chêne Liège sont comestibles. Ils ont même dû constituer une source de nourriture lors des périodes de disettes.

Mais ils sont riches en tanins, ce qui leur donne un goût très amer. Il vous faudra donc les préparer dans plusieurs eaux de cuisson et ne les consommer que lorsque l’eau devient clair.

Le pâté de gland reste une des meilleures manières de consommer les glands du Chêne Liège. Surtout si votre assaisonnement

Chêne Liège = plante médicinale

Le Chêne Liège fait partie des plantes médicinales sauvages qu’on peut utiliser assez facilement.

Autrefois, on utilisait l’écorce de Chêne Liège pour arrêter les hémorragies grâce à sa haute concentration en tanin, une substance astringente.

Aussi, les cendres de Liège mélangées à de l’huile d’œuf permettaient de réduire les hémorroïdes.

Mais aujourd’hui, le Chêne Liège n’est guère plus utilisée pour ces raisons.

CONFUSION AVEC D'AUTRES ESPÈCES de Plantes sauvages

Bien que le Chêne Liège reste facilement identifiable, je vous ai quand même préparé une petite liste de plantes avec lesquelles vous pouvez les confondre. Mais en y regardant de plus près, il y a très peu de chances de se tromper sur son identification.

Voyons donc les risques de confusion entre Quercus suber et d’autres espèces :

Quercus suber VS Quercus ilex

Le Chêne Liège et le Chêne Vert (Quercus ilex) peuvent se trouver dans les mêmes milieux à l’état sauvage. Ils ont d’ailleurs des caractéristiques similaires en ce qui concerne la résistance à la sécheresse, aux incendies et ont aussi les feuilles un peu épineuses.

Mais le Chêne Vert n’aura jamais une écorce aussi épaisse que celle du Chêne Liège. C’est donc le principal facteur d’identification entre les deux espèces. Aussi, Quercus ilex a des feuilles plus foncées et plus luisantes que celles de Quercus suber. Enfin, les glands du Chêne Vert n’ont pas une cupule aussi allongés.

Quercus suber VS Quercus coccifera

Quercus coccifera, alias le Chêne Kermès pousse aussi principalement dans le Sud de la France et peut quelques fois se trouver en compagnie des suberaies de Chênes, notamment près des Pyrénées. La taille entre les deux espèces reste le meilleur moyen afin de faire la différence.

En effet, le Chêne Kermès est tout petit. Il ne dépasse que rarement les 3 mètres de hauteur et se rapproche donc plus d’un buisson que d’un arbre. Enfin, ses feuilles ressemblent beaucoup plus aux feuilles de houx que celles de Quercus suber.

Quercus suber VS Arbutus unedo

Ici la différence reste très simple à faire. Arbutus unedo, qu’on appelle aussi arbousier est un arbre d’une autre famille botanique, celle des Éricacées. Ses fruits sont des baies rouges charnues qu’on appelle des arbouses. Nous sommes donc loin des glands de Chêne. Ses fleurs blanches sont aussi facilement identifiables.

En revanche, lorsque l’arbre n’est ni en fructification, ni en floraison, il peut faire penser de loin à un Chêne Liège, car ses feuilles ont des bords comportant de petites épines. Mais l’écorce reste encore une fois un critère d’identification indéniable.

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