Le Chêne des Marais (Quercus palustris)
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Le Chêne des Marais fait partie des différentes espèces de Chênes Américains qu’on peut parfois croiser à l’état sauvage en France. Bien qu’on le trouvera la plupart du temps dans les parcs et jardins des villes. On l’appelle aussi parfois Chêne à épingles.
Ce grand arbre de la famille des Fagacées pousse à l’origine dans l’Est de l’Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada. Mais il a été introduit dès 1770 en Europe comme arbre ornemental grâce à la couleur rouge de son feuillage lors l’arrivée de l’automne.
Aussi, comme toutes les espèces de Chênes en France, le Chêne des marais produit des glands parfaitement comestibles.
Alors si vous voulez en savoir plus sur le Chêne des marais, voici le déroulé du plan :
Description du Chêne des marais : comment l'identifier ?
Afin que vous soyez en mesure de mieux identifier cet arbre lorsque vous le verrez dans la Nature, j’ai séparé la partie description en plusieurs parties. Le port général, le feuillage, la floraison, les fruits (glands) ainsi que l’écorce et le tronc seront traités tour à tour.
Port Général du Chêne des marais
Pour un Chêne, le Chêne des marais n’est pas si gros. Avec ses 25 mètres de hauteur en moyenne à l’âge adulte, il forme un bel arbre. Mais c’est loin d’être aussi imposant que certains de ses cousins européens comme le Chêne pédonculé ou le Chêne Sessile qui peuvent dépasser les 40 mètres de haut.
Arbre de grande taille, sa végétation arborée se présente sous la forme d’un tronc très droit avec un feuillage au port élancé. Ses longues branches sont nombreuses et poussent principalement à l’horizontal ce qui donne à son houppier une forme pyramidale très régulière.
D’ailleurs son houppier prend une forme arrondie avec l’âge.
Feuilles du Chêne des marais
Ce sont ses feuilles qui donnent tout son charme au Chêne des marais. En effet, ces dernières prennent une teinte orangée-rouge à l’arrivée de l’automne. Ce qui offre un très beau spectacle visuel. Mais voyons comment reconnaître les feuilles de Quercus palustris.
Les feuilles du Chêne des marais mesurent entre 5 à 11 centimètres. Chaque feuille comprend cinq ou sept lobes profondément découpés avec au milieu, une grosse nervure centrale.
Depuis cette nervure principale, d’autres nervures secondaires partent en direction des lobes. Elles ont d’ailleurs l’impression d’être opposées même si ce n’est pas le cas puisque le Chêne des marais possède une nervation alterne.
Chacune des feuilles de Quercus palustris a aussi la particularité d’avoir de grosses touffes de poils là où se rejoignent les nervures principales. Ces touffes de poils ne sont présentes que sous la face inférieure de la feuille et peuvent mesurer jusqu’à 4 mm de diamètre.
Enfin, les feuilles du Chêne des marais sont assez coriaces et en dehors de l’automne, arborent une couleur verte assez foncée.
De loin les feuilles du Chêne des marais ressemblent beaucoup à celles du Chêne rouge d’Amérique et du Chêne écarlate qui sont des espèces cousines mais nous y reviendront plus tard dans cet article.
Fleurs du Chêne des marais
Passons maintenant à l’appareil reproducteur du Chêne des marais : les fleurs. Pour commencer, et comme les différentes espèces de Chênes, Quercus palustris assure sa reproduction grâce au vent. Ce dernier transportant le pollen des fleurs mâles aux fleurs femelles. Oui, le Chêne des marais fait partie des plantes monoïques. C’est-à-dire qu’il porte des fleurs mâles et des fleurs femelles sur le même individu.
Vous pourrez observer les fleurs mâles bien plus facilement que les fleurs femelles. En effet, les fleurs mâles du Chêne des marais sont regroupées dans des chatons retombant pouvant mesurer jusqu’à 7 centimètres de long. Les fleurs mâles sont jaunes ou vertes selon les individus.
Beaucoup plus discrètes, les fleurs femelles du Chêne des marais se présente sous la forme de minuscules chatons rouges non pendants cachées au creux entre le pétiole des feuilles et le rameau. Une fois fécondées, elles donneront les fruits. À savoir les fameux glands.
Sa période de floraison se déroule au mois de mai.
Fruits : les glands
Les glands se forment à partie de la fécondation d’une fleur femelle par le pollen d’une fleur mâle. Et comme toutes les espèces de Chêne en France, les glands du Chêne des marais sont comestibles. Mais leur maturation prend du temps puisqu’ils ne murissent qu’au cours de la seconde année.
Comparé au Chêne à gros fruits, les glands du Chêne des marais sont petits. En effet, ils ne dépassent généralement pas les 1 centimètre de diamètres. Aussi, ils sont presque sessiles par rapport aux rameaux. Leur pédoncule est donc de petite taille.
Une autre particularité des glands du Chêne des marais : ils possèdent une cupule aplatie.
Écorce et Tronc
Ne vivant qu’entre 90 et 120 ans, le Chêne des marais n’a pas le temps de former des troncs gigantesques comme pour le Chêne pédonculé ou le Chêne Sessile qui peuvent vivre plus de 1000 ans.
Cependant, le Chêne des marais grandit vite, et son tronc pousse souvent bien droit. Ses branches sont quant à elle assez peu tortueuses par rapport à d’autres espèces de Chênes.
Aussi, son écorce gris-vert reste relativement lisse, même sur les spécimens plus âgés. Toutefois, elle finira par se fissurer avec l’âge, mais assez peu.
Habitat et aire de répartition du Chêne des marais
Maintenant que nous avons vu comment identifier le Chêne des marais grâce à une description détaillée de ses feuilles, ses fruits et ses fleurs, passons à son habitat.
À l’origine, et comme je le mentionnai en début d’article, le Chêne des marais pousse en Amérique du Nord. Pour être plus précis, c’est dans l’Est du Canada et des États-Unis qu’il est le plus présent. Du Tennessee à la Virginie jusque dans la région des Grands Lacs. Et ce n’est que depuis 1770 qu’il s’est vu introduit en Europe comme arbre ornemental.
On le trouve également dans les parties les plus fraîches de l’Australie.
Mais contrairement à ce que son nom « Chêne des marais » suggère, Quercus palustris ne pousse pas dans les marécages ou zones humides. En effet, le Chêne des marais n’est pas vraiment une espèce hygrophile. Cependant, ce dernier tolère assez bien l’hydromorphie. C’est-à-dire le fait de résister à des sols régulièrement saturés en eau.
Bien sur, le Chêne des marais préfère les sols moyennement secs, plutôt frais mais légèrement acides. Il redoute aussi les sols trop calcaires et ne pousse pas à des altitudes supérieure à 400 mètres. On ne le trouvera donc jamais en zone montagneuse bien qu’il résiste facilement au froid. Il supporte des températures largement négatives proches des -25 °C.
Au niveau de la luminosité, le Chêne des marais tolère aussi bien les expositions ensoleillées que la mi-ombre. Mais il a besoin d’un minimum de soleil pour se développer. Il n’aime pas l’ombre.
Comment utiliser le Chêne des Marais ?
Comme pour la plupart des espèces de plantes sauvages de France, le Chêne des marais peut s’utiliser de différentes manières. Premièrement, le Chêne des marais est utilisé comme plante ornementale. Mais on peut aussi l’utiliser pour son bois. Enfin, et comme pour les autres espèces de Chênes, Quercus palustris peut s’utiliser comme plante comestible.
Le Chêne des Marais comme plante ornementale
En France, nous utilisons le Chêne des marais principalement comme plante ornementale. Vous pouvez parfois le voir dans nos parcs et nos jardins grâce à sa belle feuillaison orange-rouge lors de l’arrivée de l’automne.
Aussi, c’est un arbre assez facile à cultiver. Le Chêne des marais reprend assez facilement grâce à son puissant système racinaire. Avec une croissance rapide, il atteint 10 à 12 mètres de hauteur en seulement une dizaine d’années.
Sa forme naturelle est aussi très régulière, ce qui limite une grande partie de l’entretien lié à la taille. Résistant au froid, il peut tout à fait supporter le climat français continental et semi-continental.
Seul petit défaut, la décomposition de ses feuilles. En effet, les feuilles du Chêne des marais mettent du temps avant de se décomposer, ce qui ne les rend pas particulièrement intéressantes pour le compost fait maison.
Enfin, le Chêne des marais s’utilise comme arbre solitaire pour de l’ombrage ou en alignement dans les parcs et jardins capables d’accueillir de grands arbres.
La Qualité du Bois du Chêne des Marais ?
Comme vous le savez, toutes les espèces de Chênes produisent un bois de bonne qualité. C’est donc également le cas pour le Chêne des marais.
Avec une croissance rapide, il est tout à fait intéressant pour la sylviculture. Il fournit un bois cœur brunâtre mais son aubier est presque blanc.
En termes de qualité, on le compare souvent au bois du Chêne Rouge d’Amérique. Sauf que le bois du Chêne des marais est meilleur d’un point de vue quantitatif et qualitatif.
En effet, le Chêne des marais pousse légèrement plus vite que le Chêne Rouge d’Amérique et reste plus résistant à la maladie de l’encre que ce dernier. Enfin, son houppier nécessite moins de taille, ce qui représente un gain de temps et d’argent non négligeable.
Son bois est dense, lourd et résistant. Ce qui lui vaut une bonne place dans l’ameublement. Mais on peut l’utiliser aussi pour la construction et la décoration d’intérieurs. En revanche, il ne peut pas servir à la confection de tonneaux contrairement à d’autres espèces de Chênes.
Enfin, il fournit un très bon bois de chauffage.
Malgré toutes ses qualités, le Chêne des marais reste assez peu planté dans les domaines forestiers car il pousse difficilement au-dessus de 350 mètres de hauteur.
Plante comestible et écologique importante
Toutes les espèces de plantes sauvages françaises ont un rôle important dans l’écologique. Mais les chênes font partie des espèces clef de voûte qui assure la survie de nombreuses autres.
Par leur domination de la strate végétale la plus haute, à savoir la strate arborée, ils forment à eux seuls un écosystème à part entière. Celui de la forêt.
Les Chênes des marais ne sont toutefois pas assez nombreux sur notre territoire pour avoir un rôle écologique aussi important. De plus, contrairement à son cousin, le Chêne Rouge d’Amérique, le Chêne des marais n’est pas envahissant chez nous, puisque fortement limité par l’altitude.
En revanche, il peut tout de même aider à la biodiversité de plusieurs manières :
- Aider les petits mammifères à se nourrir en cas de disettes, les glands n’étant pas les plus appréciés, mais restant une source de calories très intéressantes.
- Permettre aux oiseaux de nicher tout en se nourrissant aussi. Par exemple le Geai des chênes assure un rôle de dispersion en faisant tomber de temps en temps les glands qu’il veut consommer.
- Fournir un bois nourrissant de nombreux insectes différents ainsi que des champignons et bactéries.
En revanche, le Chêne des marais est beaucoup moins intéressant que le Chêne pédonculé pour ce qui est de fournir un nectar de bonne qualité aux abeilles et autres pollinisateurs. Le vent reste son principal moyen de pollinisation.
En ce qui concerne l’alimentation humaine et les glands des Chênes des marais, bien que comestibles, ces derniers ne sont pas vraiment intéressants puisque beaucoup trop petits. Je vous rappelle qu’ils ne mesurent que 1 à 1,5 centimètres de diamètres au maximum.
Mais vous pourrez toujours en faire des farines dans le but de réaliser des gâteaux ou éventuellement les transformer en succédané du café.
La meilleure utilisation des glands des Chênes des marais reste probablement pour l’élevage porcin. En effet, les sangliers et cochons raffolent des glands de toutes les espèces de Chênes.
CONFUSION AVEC D'AUTRES ESPÈCES DE CHÊNES
En France, il sera assez difficile de trouver des espèces de Chênes similaires à Quercus palustris au même endroit. Contrairement à d’autres espèces américaines invasives comme le Robinier Faux-Acacia, le Chêne des Marais n’est pas considéré comme une plante envahissante en France.
Enfin, aucun autre Chêne originaire de France ne ressemble à Quercus palustris. Seuls les espèces américaines aussi présentes sur notre territoire lui ressemblent. Et c’est ce que nous allons voir ici.
Quercus palustris VS Quercus coccinea
Il est presque impossible de faire la différence entre les deux espèces rapidement. Elles sont tellement proches que mêmes des botanistes expérimentés peuvent se tromper. Les feuilles du Chêne écarlate sont légèrement moins découpées que celles de Quercus palustris. Les touffes de poils présentes entre les nervures de la face inférieure de la feuille sont aussi plus petites. Et globalement, ses feuilles sont plus foncées que celles de Quercus palustris. Enfin, les chances de trouver un Chêne écarlate en compagnie d’un Chêne des marais sont extrêmement faibles puisqu’il est très peu présent en France.
Quercus palustris VS Quercus rubra
Quercus palustris et Quercus rubra, alias le Chêne Rouge d’Amérique sont deux espèces fortement similaires, avec des utilisations aussi proches. Il y a très peu de différences entre les deux, ce qui rend l’identification d’autant plus difficile. En général, mais ce n’est pas toujours le cas, le Chêne Rouge d’Amérique possède des feuilles moins profondément découpées que Quercus palustris. Aussi, il peut être beaucoup plus grand puisqu’il peut atteindre près de 60 mètres de hauteur. Ce qui le classe dans les plus grands arbres du monde.
Quercus palustris VS Quercus cerris
Seule espèce indigène de France pouvant presque ressembler aux Chênes des marais, le Chêne chevelu, alias Quercus cerris. Bien que ses feuilles peuvent parfois présenter des lobes assez polygonaux, elles sont toutefois plus arrondies. Mais la plus grande différence reste sur les glands. En effet, ceux du Chêne chevelu possède une cupule avec des excroissances semblables à des poils épais. Ce qui n’est pas le cas du Chêne des marais.